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AccueilRubriques électroniquesBulletin de la Société libre pour...1904Le passé et l'avenir de notre Soc...

Texte intégral

1 Mesdames, Messieurs,

2 Je désire vous dire quelques mots sur le passé de notre Société et sur son avenir. Nous ne sommes pas encore bien vieux ; nous ne datons que de quatre à cinq ans; mais cette période d'essais a été suffisante pour que notre Société prit conscience d'elle-même et apprît quels genres de services elle était capable de rendre à l'étude de l'enfance et quelles méthodes elle doit employer pour atteindre le but visé par tous nos efforts.

3 Tout au début de notre existence, lorsque la Société fut créée par M. Buisson, les premiers collaborateurs dont il s'entoura éprouvèrent un moment d'incertitude. Je me souviens encore de la première réunion de notre bureau autour du tapis vert. Il y avait là plusieurs de ceux qui nous sont restés fidèles : M. Baudrillard, Mlle Kergomard, Mme Fuster, Mlle Brès, M. Galtier, et le regretté Marillier. On venait d'accomplir, selon les rites habi­tuels, les formalités préliminaires ; on avait choisi le président, les vice-présidents, le secrétaire, le trésorier, et ainsi de suite ; et quand ce petit travail fut terminé à la satisfaction générale, on se regarda et on se demanda : Qu'allons-nous faire? Il s'agit d'étu­dier la psychologie de l'enfance; mais comment, par quelle méthode pratique, nous, Société, allons-nous entreprendre cette étude?

4 Le vocable Société est loin d’être explicatif, car il s'applique à des entreprises très diverses. Un premier type de société scienti­fique est aujourd’hui fort répandu : c'est la Société d'enregis­trement. Elle est composée de membres qui ne travaillent pas en Commun, qui, du reste, n'ont pas nécessairement des idées com­munes et qui s'assemblent à date fixée pour entendre des com­munications. Le principal attrait des séances est de constituer des lieux de réunion pour des amis, qui sont très heureux de se serrer la main et de causer à voix basse, pendant qu'un rappor­teur courageux lit imperturbablement un travail qui n'est pas toujours écouté. Je cite cet exemple pour le besoin du contraste; car, même au moment où nous cherchions le plus, nous avions le sentiment que notre Société allait jouer un rôle moins passif que celui-là. Je me rappelle très nettement l'impression que j'é­prouvai à nos premières séances mensuelles : tout le monde avait envie de travailler, et de travailler en commun ; il était sous-entendu qu'on avait fondé une sorte de coopérative.

5 M. Buisson exprimait cette idée avec son habituelle clarté d'in­telligence, dans une des notices de notre Bulletin : « Nous avons, — disait il à peu près, — nous avons la bonne chance de compter dans notre réunion, d'une part les savants, qui étudient dans leur laboratoire avec les procédés les meilleurs, les infi­niment petits de la psychologie; et, d'autre part, les observateurs de l'enfance, les instituteurs, les pères de famille, qui appliquent des méthodes moins sûres à des faits plus gros. Il faut que, sans esprit de rivalité, ces deux catégories de chercheurs s'aident mutuellement, que le savant nous communique sa précision de méthode et que l'instituteur nous procure l'abondance des documents, en y ajoutant le sens des réalités pratiques. »

6 M. Buisson a bien saisi, je crois, un des caractères les plus originaux de notre époque. Elle a été, dès le début, et elle reste, une réunion d'hommes appartenant à tous les degrés de l'enseignement, qui s’entendent pour mettre en commun ce que la science et la vie leur ont appris de meilleur.

7 Mais sous quelle forme cette collaboration pouvait-elle se réaliser ?

8 Malheureusement, il n'était pas facile de le décider par un mouvement a priori. Nous n'avions pas de précédents. Les personnes qui sont accourues à nos premières séances y apportaient un zèle touchant, et des espérances qui, sans qu'il y eût précisément de notre faute, ont été souvent déçues. Ces personnes adressèrent constamment au bureau de notre Société la même demande : nous voulons apprendre à observer, nous voulons pratiquer la psychologie, nous voulons faire de la science, com­ment faut il s'y prendre? Messieurs, à mon tour, je m'adresse au plus savant de ceux qui m'écoutent, et je le défie de répondre en deux mots à des questions de cette complexité. A vrai dire, on ne peut y répondre ni en deux mots, ni en cent. C'est une grande erreur de croire que la méthode scientifique s'apprécie verbalement par la lecture ou par les cours ; elle s'apprend par l’exercice et par l'effort personnel. Il faut se mettre aux prises avec la nature, et là, essayer de la comprendre, avec la résignation de commettre bien des erreurs de débutant, mais avec le courage de se corriger, et la modestie nécessaire pour demander des conseils à ceux qui en savent davantage; c'est la méthode expérimentale appliquée à l'éducation des esprits, je n'en connais pas d'autre. Nous disions donc patiemment à tous ceux qui venaient à nous : nous sommes prêts à vous donner des conseils, des directions, des indications bibliographiques; si vous avez besoin d'appareils, nous les mettons à votre disposi­tion; mais d'abord, faites preuve d'initiative, en imaginant par vous-mêmes un sujet d'étude, dressez un plan, mûrissez-le, commencez quelques petits essais. En un mot, travaillez, et le bureau vous aidera. » Certainement nous axions raison, en principe, de prendre cette attitude réservée; mais en pratique, nous avions tort; et ce qui le prouve, c'est que ces conseils et ces directions, personne, vous entendez bien, personne n'est jamais venu nous les demander.

9 Comme, en attendant mieux, il fallait occuper nos premières séances, le bureau a eu l'idée de composer des questionnaires de psychologie. Les deux premières années de notre Société furent des années d'enquête par questionnaire. Bien des raisons nous ont poussés dans cette voie; et la plus forte de ces raisons a peut-être été la contagion de l'exemple. Nous avions devant les yeux les travaux des sociétés américaines de psychologie et de pédagogie, et nous savions que c'est sous la forme d'enquête que ces sociétés dépensent une activité admirable, admirable... surtout par la quantité. Nos questionnaires ont porté sur trois questions principales, le mensonge, la colère, l'indiscipline, et accessoirement sur d'autres questions d'un caractère plus sco­laire, comme les récompenses. Je ne dirai pas trop de mal de nos essais; ils ont donné des résultats modestes, c'est certain, mais il est juste d'ajouter qu'ils répondaient, chez nous, à des ambitions plus modestes encore. Lorsque je fut charge de rédi­ger les trois premiers, ce qui ne fut pas toujours facile, j'avais une parfaite conscience que nous n'allions pas faire faire à la psychologie un pas décisif; mais il me semblait, et il me semble encore, que ces travaux préliminaires devaient rendre service à quelques-uns d'entre nous ; ils allaient nous apprendre d'abord à manier le langage psychologique, ensuite à nous pénétrer de la complexité des questions et à les sérier, et enfin à les envisa­ger sous une forme expérimentale. Si sur ces divers points, nous avons fait notre éducation, reconnaissons que nous n'avons pas tout à fait perdu notre temps. Et puis, je trouve que décidé­ment, on est devenu trop sévère dans ces dernières années sur le compte des questionnaires; la critique a dépassé la mesure. Je voudrais bien obtenir de ceux qui ont fait si vaillamment le procès une distinction nécessaire entre ce que j'appellerai les erreurs de fait, et les erreurs de droit. Les erreurs de fait sont celles dont les chercheurs sont personnellement responsables; ainsi, faire des enquêtes sur des sujets ridicules, poser des questions obscures ou amphibologiques, exercer une pression suggestive sur la pensée des correspondants, c'est commettre des erreurs d'étourderie et d'ignorance; et le principal coupable, ici, ce n'est pas la méthode, c'est l'homme; incriminer la méthode serait injuste, car alors autant vaudrait dire : je reproche au microscope que ceux qui s'en servent ne savent pas s'en servir. Le seul défaut inhérent aux questionnaires, son défaut en droit, et celui-là, je reconnais qu'il est capital, c'est de demander des renseignements très délicats et très complexes à des inconnus. Nous avons donc vécu nos deux premières années en étudiant nos enquêtes, et en écoutant quelques communications que la sollicitude de notre bureau arrivait à glaner çà et là. C'était un peu une vie d'expédients, et il y avait des jours où nous arrivions à la séance comme des convives affamés qui s'assoient devant une table mal garnie. Nous pouvons parler en toute franchise de cette longue période de tâtonnements, puisque nous en sommes sortis.

10 Et comment en sommes-nous sortis ? Je vais vous le dire : Par la création de commissions peu nombreuses, acceptant des pro­grammes définis, et résolues à y travailler dans l'intervalle des séances. Permettez-moi d'entrer à cet égard dans quelques détails.

11 Ceux qui ont assisté à nos réunions mensuelles savent com­bien certaines de ces réunions sont devenues mouvementées et vivantes ; les discussions s'y prolongent parfois pendant trois heures sans lasser l'auditoire. Ce qui fait l'intérêt de ces séances, c'est que nous y écoutons tout le monde. Il est bon, il est utile de faire accueil à toutes les opinions, surtout à celles qu'on ne partage pas. Nous sommes des gens de science, et par consé­quent des libéraux. Seulement, ce principe une fois admis, il y a une remarque qui s'impose : les assemblées nombreuses ne sont pas favorables au travail précis, patient, parfois méticuleux, qu'exige la psychologie expérimentale; on y parle trop bien pour ne pas y parler trop ; et l'art oratoire, auquel tout naturellement on s élève quand on s'adresse à un grand public, me paraît plutôt apte à convaincre les esprits qu'à débrouiller les questions difficiles. Bien souvent, pendant que j'assistais, dans une grande réunion — et je ne parle pas ici seulement des nôtres — lorsque j'assistais, dis-je, à des discussions passionnées sur des systèmes contraires ou des interprétations divergentes, tout en admirant l'éloquence des orateurs, je me faisais à voix basse la réflexion suivante : de deux choses l'une, ou les questions que l'on discute ici offrent une issue sur l'expérience, pourraient être tranchées par un contrôle expérimental, et alors, à quoi bon les discuter? puisqu'il suffirait de l'expérience pour mettre tout le monde d'accord. Ou bien, ce sont des questions de telle nature qu'elles échappent aux prises de l'expérience et sont affaires de goût personnel, de philosophie personnelle, de métaphysique person­nelle: et alors, à quoi bon les discuter, puisqu'elles ne sont pas justiciables du seul critère de la certitude que la psychologie moderne puisse accepter?

12 Dans les commissions, les choses se passent tout autrement. On est en petit comité, dix à douze tout au plus ; par conséquent, on élève moins la voix, on parle avec plus de simplicité, on envi­sage les questions sous une forme plus pratique. Les personnes qui sont venues là sont averties d'avance qu'aucune discussion ne se terminera vaguement par un ordre du jour platonique. Il s'agit, non pas de parler, mais d'agir ; et agir, ici, c'est observer et expérimenter.

13 Assistons par exemple, par la pensée, à la formation d'une commission nouvelle. Je ne vais pas chercher un exemple ima­ginaire, je vais vous parler d'une commission qui, très probablement, fonctionnera dès le mois prochain, celle de la Fatigue intellectuelle. Vous savez tous que, cet été, un important congrès d'hygiène scolaire a tenu ses assises à Nuremberg, et que là, des physiologistes allemands sont venus exposer un procédé curieux pour déceler la fatigue intellectuelle des écoliers. Ce procédé est celui du compas; il consiste à mesurer avec le compas la sensi­bilité du toucher; il paraîtrait que lorsqu'une, personne est à l'état de fatigue, cette sensibilité s'émousse, et que le déchet qu'elle a subi par rapport à son état ordinaire est mesurable. La question est évidemment très intéressante; elle n'est pas entière­ment nouvelle pour des psychologues, car nous avons appris qu'en Amérique et aussi en Allemagne on a fait quelques expé­riences de contrôle sur cette méthode, et que les résultats n'ont pas été très satisfaisants. Mais peu importe; puisque les premiers promoteurs ne se sont pas découragés, puisqu'ils ont apporté au congrès de volumineux dossiers, remplis de tables et de chiffres, puisque enfin il s'agit d'un problème qui présente un intérêt pédagogique incontestable, nous ne devons pas hésiter, reprenons l'examen. Nous avons donc formé une commission de la fatigue intellectuelle, à laquelle nous allons convier d'abord des médecins, comme M. Legendre, M. Mathieu, nos collègues d'une Société amie, qui se préoccupe d'hygiène scolaire ; puis des pédagogues, comme M. le professeur Chabot, qui va, dans un rapport détaillé, nous faire connaître les travaux des physio­logistes de Nuremberg; et, à la suite de ce rapport, croyez-vous que nous allons nous livrer à une joute oratoire sur le surme­nage des élèves et l'encombrement des programmes ? Pas du tout. Nous envisagerons la chose par son côté terre à terre. Il s'agit de vérifier des expériences; eh bien, nous les recommen­cerons. A notre séance, nous aurons certainement le plaisir de compter un inspecteur zélé et énergique, par exemple notre collègue M. Belot, et quelques-uns de ses meilleurs institu­teurs qu'il aura amenés avec lui. Nous les intéresserons à notre recherche; nous leur montrerons les appareils à employer, la manière de s'en servir, nous les avertirons des erreurs psy­chologiques très graves qu'il faut éviter, et que peut-être nos confrères allemands, trop peu psychologues, n'ont pas prévues; à leur tour, M. Belot et ses instituteurs, après avoir profité de notre leçon scientifique, nous donneront à nous une leçon pra­tique, en nous avertissant des conditions scolaires où ils sont placés et des précautions à prendre pour trouver chez les élèves un degré de fatigue appréciable; par l'accord de ces différentes compétences, on arrêtera un plan expérimental. Quelques mois après, les expériences seront terminées, elles seront dépouillées et interprétées en commun, et je ne m'avance pas beaucoup en prédisant qu'on commencera à voir un peu plus clair dans la question.

14 C'est que véritablement, en créant ce genre de commissions, notre Société a trouvé sa meilleure méthode de travail. J'ai assisté, l'an dernier, pour ainsi dire à toutes leurs séances; et j'ai été frappé de par l'intérêt des discussions et la fécondité des résultats. M. Boitel, notre Secrétaire général, pourrait porter le même témoignage; et savez-vous quelle a été la raison de notre succès? A mon sens, il y a une raison bien simple, c'est que tous ceux qui ont collaboré à nos commissions se sont con­vaincus qu'ils concourent à un travail dont l’utilité leur est démontrée, car ils voient par leurs yeux que les questions exa­minées sont en progrès sensible d'une séance à l'autre; il n'y a rien de plus encourageant. Certes, nous nous désintéressons de bien des choses, parce que nous sommes tous occupés et sur­menés, mais si quelqu'un vient nous dire : « Je vous demande une heure de votre temps par mois, et cette heure-là sera dépensée utilement pour l'avancement de la science », — et si nous sommes persuadés que cette parole est digne de confiance, il nous sera bien difficile de refuser notre concours. Et mainte­nant, si vous me demandez comment un homme qui n'a que de la bonne volonté peut rendre service à une entreprise scienti­fique,— je vous répondrai par l'observation suivante que j'ai souvent faite : sur les questions que nous avons le plus profon­dément étudiées, il n'y a pas une personne intelligente qui ne puisse nous donner une suggestion intéressante, à la condition d'y réfléchir sérieusement; car chacun a sa manière propre de penser et d'observer; chacun fait des remarques spéciales : l'un est observateur, l'autre est imaginatif; celui-ci triomphe dans l'abstraction, celui-là a plus de sens pratique; un tel est fort en statistique, un autre connaît mieux les enfants; un troisième est versé dans la bibliographie. Personne de nous n'est un esprit complet; nous nous complétons par l'association.

15 Si cela est vrai, ne vaut-il pas mieux le dire que de se renfer­mer dédaigneusement dans sa demi-compétence? Eh bien, nous le disons! Nous mêlions de l'insistance à le proclamer, et nous arrivons ainsi à faire sentir à chacun de nos collaborateurs qu'il a le droit de revendiquer sa part dans l'œuvre commune. C'est là tout le secret de notre politique.

16 Du reste, à quoi bon ratiociner? Les faits sont là, et les faits n'ont pas besoin de démonstration, ils se perçoivent. Voyez ce qui vient de ce passer. L'an dernier, six commissions ont tra­vaillé, et toutes ont donné des résultats satisfaisants.

17 La première de ces commissions, celle des anormaux, a été suivie avec assiduité par des médecins, des magistrats, des anthropologistes et des pédagogues; elle a ébauché l’étude expé­rimentale d'une question qui préoccupe aujourd'hui tous les esprits : la différenciation à établir au point de vue physique, intellectuel et moral, entre les enfants normaux et les enfants anormaux. Qu'on me comprenne bien : il ne s'agit pas ici de théories, ni de définitions abstraites, mais de faits précis, con­trôlés avec la dernière rigueur, et permettant de se débarrasser, une fois pour toutes, de ce détestable impressionnisme avec lequel on a tranché jusqu'ici trop de questions délicates. Nous pouvons, du reste, nous assurer que nos efforts vers des méthodes exactes ont été appréciés à leur juste valeur, puisque tout récem­ment, M. le Ministre de l'Instruction publique, organisant une commission pour l'étude de cette même question des anormaux, y a fait entrer quatre d'entre nous, parmi lesquels je nommerai M. Malapert, notre si sympathique vice-président; M. Lacabe, qui vient de s'associer avec tant de tact et de bon sens à nos études sur le caractère des enfants; et enfin M. Baguer, dont le dévouement intarissable et la chaleur communicative sont une des bonnes fort unes de notre Société.

18 Je ne puis prolonger cet entretien en vous énumérant les tra­vaux des autres commissions. Je me contenterai de rappeler simplement quelques titres et quelques noms : la Commission de la mémoire, conduite avec une véritable maîtrise par notre vice-président, M ; Baudrillard, auquel se sont associés M. l’inspecteur Sarrach, Mme Girard, M. Parison, Mme Bellanger ; la commission de graphologie, qui, sous l’impulsion énergique de M. Belot, a fait faire un progrès marqué à cet art qui lit le caractère dans l'écriture, mais peut-être est-on allé trop loin, c’est à voir ; enfin, la Commission des sentiments moraux, dont les premières recherches, exposées avec justesse par Mme Fuster, ont montré la nécessité inattendue de faire une déduction profonde entre le point de vue de la pédagogie et le point de vue de la psychologie. — A tous ces noms, permettez-moi d'en ajouter un dernier, un seul, celui que M. Buisson, toujours heureux dans le choix des hommes, nous a indiqué pour notre secrétaire général, M. Boitel, l'homme d'action incomparable, qui, toutes les fois qu'on lui communique une idée bonne et utile, et qu'on arrive à le convaincre, nous rend un service des plus précieux : il la réalise.

19 C'est ainsi que, par l'effort combiné de tant de personnalités différentes, et aussi, ajoutons-le, grâce à l'emploi d'une méthode heureuse, nous arriverons à faire progresser dans les voies scien­tifiques l'étude de l’enfant. Mais ce n’est pas tout ; notre ambiton n'est pas seulement de faire oeuvre de science positive, elle vise un autre but : elle prétend faire ici une oeuvre d'éducation qui a son importance sociale; et c'est là ce qui nous attache tous passionnément à cette Société ; c'est qu'elle est un moyen direct, décisif, de faire pénétrer profondément dans l'intelligence des instituteurs, et grâce à eux, dans l'intelligence des jeunes générations, les qualités de l'exactitude et de la précision, le sentiment de ce qui est démontré et de ce qui ne l'est pas, le goût de la recherche désintéressée, le besoin do l'examen libre el personnel, en un mot, cet ensemble de dispositions intellectuelle et morales qui constituent l'esprit scientifique.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Alfred Binet, « Le passé et l'avenir de notre Société »Recherches & éducations [En ligne], Bulletin de la Société libre pour l’étude psychologique de l’enfant, mis en ligne le 15 octobre 2008, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/rechercheseducations/109 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rechercheseducations.109

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